Levée de la saisie conservatoire pour absence de créance apparente dans une action en reddition de comptes (Cass. com. 2007)

Réf : 19405

Identification

Réf

19405

Juridiction

Cour de cassation

Pays/Ville

Maroc/Rabat

N° de décision

868

Date de décision

05/09/2007

N° de dossier

567/2007

Type de décision

Arrêt

Chambre

Commerciale

Abstract

Base légale

Article(s) : 363 - Dahir portant loi n° 1-74-447 du 11 ramadan 1394 (28 septembre 1974) approuvant le texte du code de procédure civile

Source

Revue : Revue de la Cour Suprême مجلة قضاء المجلس الأعلى

Résumé en français

La Cour suprême a rejeté un pourvoi contre un arrêt de la Cour d’appel de commerce de Marrakech, confirmant la levée d’une saisie conservatoire immobilière ordonnée pour garantir une créance de 120 000 dirhams dans une action en reddition de comptes. Cette action s’appuyait sur des pièces d’un dossier pénal clos par un acquittement.
La Cour d’appel a jugé que le rejet de l’action en reddition de comptes par un jugement de première instance du 25 septembre 2006 privait la saisie de fondement.
La Cour suprême, saisie d’un moyen invoquant un défaut de motivation et de fondement, a précisé que la levée d’une saisie conservatoire ne nécessite pas un jugement définitif sur le fond. Il suffit que l’examen apparent des pièces révèle l’absence de créance ou d’apparence de créance justifiant la mesure.
Constatant que la Cour d’appel avait motivé sa décision en relevant l’absence de justification de la saisie, la Cour suprême a validé cette appréciation, rejetant la requête et condamnant le requérant aux dépens.

Résumé en arabe

حجز تحفظي ـ رفعه ـ صدور حكم نهائي في المديونية ـ لا .
التأكد ظاهريا من قيام المديونية أو شبهتها من عدمه ـ نعم .
إصدار الأمر برفع الحجز التحفظي لا يقتضي بالضرورة صدور حكم مكتسب لقوة الشيء المقضي به بخصوص دعوى الموضوع المتخذ على أساسها الحجز؛ وإنما يكفي لذلك التأكد من تلمس ظاهر وثائق النزاع، عدم وجود مديونية أو شبهتها تستدعي القول باستمراره.

Texte intégral

القرار عدد: 868، المؤرخ في: 05/09/2007، الملف التجاري عدد: 567/2007
باسم جلالة الملك
إن المجلس الأعلى
وبعد المداولة طبقا للقانون
بناء على قرار السيدة رئيسة الغرفة بعدم إجراء بحث طبقا لأحكام الفصل 363 من قانون المسطرة المدنية.
حيث يستفاد من وثائق الملف ومن القرار المطعون فيه الصادر عن محكمة الاستئناف التجارية بمراكش تحت عدد 143 بتاريخ 08/02/07 في الملف رقم 1591/2/06 أن المطلوب الصاديقي إبراهيم تقدم بتاريخ 09/01/06 بمقال لرئيس تجارية مراكش، عرض فيه أنه سبق للطالبة شركة أدريم أن حجزت تحفظيا عقاريها المسجلين بالصكين العقاريين عدد 50400/04 و66355/04، استنادا لملف جنحي يتعلق بخيانة الأمانة، وأنه بعد صدور قرار للمجلس الأعلى برفض طلب نقض المدعى عليها للقرار الاستئنافي الجنحي الملغي للحكم الابتدائي القاضي بإدانة المدعي، تقدم هذا الأخير بطلب لرفع الحجز استجيب له بأمر نفذ فعلا وأصبح مكتسبا لقوة الشيء المقضى به، غير أنه فوجئ من جديد بالمدعية تستصدر حجزا آخر على عقاره ذي الرسم عدد 66355/04 لضمان أداء مبلغ 120.000,00 درهم مستندة على نفس مستندات الملف الجنحي في دعوى تجارية ترمي لإجراء محاسبة، ملتمسا إصدار الأمر برفع الحجز المذكور وأمر المحافظ العقاري بالتشطيب عليه، فصدر الأمر وفق الطلب، أيدته محكمة الاستئناف التجارية بمقتضى قرارها المطعون فيه.
في شأن الوسيلة الفريدة،
حيث تنعى الطاعنة على القرار عدم ارتكازه على أساس وعدم رده على الدفوع المثارة المنزل منزلة انعدامه، بدعوى أنها تمسكت بكون دعوى المحاسبة لم يصدر بشأنها حكم نهائي بدليل عدم تبليغها بالحكم الابتدائي الصادر بشأنها وعدم الإدلاء بشهادة بعدم الطعن فيه، غير أن المحكمة مصدرة القرار المطعون فيه استندت للحكم الابتدائي المذكور دون تأكدها من نهائيته، وهو ما جعل قرارها على غير أساس، وغير معلل بخصوص عدم أخذها بما اعتمدته الطالبة بشأن هذه النقطة، مما يتعين نقضه.
لكن، حيث إن إصدار الأمر برفع الحجز التحفظي لا يقتضي بالضرورة صدور حكم مكتسب لقوة الشيء المقضى به بخصوص دعوى الموضوع المتخذ على أساسها الحجز، وإنما يكفي لذلك تأكد المحكمة، من تلمسها لظاهر وثائق النزاع، عدم وجود مديونية أو شبهتها تستدعي القول باستمراره، والمحكمة مصدرة القرار المطعون فيه التي ذهبت إلى  » أنه لئن كان الأمر بإجراء الحجز التحفظي يستند لدعوى المحاسبة المعتمدة بدورها للخبرة الحسابية المجراة في الملف الجنحي المنتهي ببراءة المستأنف عليه وعدم الاختصاص في المطالب المدنية، وكان هذا الحجز مجرد إجراء وقتي يكفي لقبوله وجود دين محتمل، فإن الدعوى الحالية الرامية للمحاسبة صدر حكم ابتدائي بشأنها بتاريخ 25/09/06 قضى برفضها، مما يبقى معه طلب إجراء الحجز غير مستند على أساس  » تكون قد سايرت المبدأ المذكور، معتمدة فيما انتهت إليه على عدم توفر مبررات استمرار الحجز التحفظي على عقار المطلوب، فلم تتجاهل ما أثير أمامها وأتى قرارها مرتكزا على أساس والوسيلة على غير أساس.

لهذه الأسباب
قضى المجلس الأعلى برفض الطلب، وتحميل الطالبة الصائر.
وبه صدر القرار وتلي بالجلسة العلنية المنعقدة بالتاريخ المذكور أعلاه بقاعة الجلسات العادية بالمجلس الأعلى بالرباط. وكانت الهيئة الحاكمة متركبة من السيدة الباتول الناصري رئيسا والمستشارين السادة عبد الرحمان المصباحي مقررا زبيدة تكلانتي والطاهرة سليم وفاطمة بنسي أعضاء وبمحضر المحامي العام السيد السعيد السعداوي وبمساعدة كاتبة الضبط السيدة فتيحة موجب.

Version française de la décision

Arrêt n° 868, en date du 05/09/2007, dossier commercial n° 567/2007
Au nom de Sa Majesté le Roi
La Cour suprême,
Après avoir délibéré conformément à la loi,
Vu la décision de Madame la Présidente de la Chambre de ne pas procéder à une enquête, conformément aux dispositions de l’article 363 du Code de procédure civile ;
Attendu qu’il résulte des pièces du dossier et de l’arrêt attaqué, rendu par la Cour d’appel de commerce de Marrakech sous le n° 143 en date du 08/02/2007, dans le dossier n° 1591/2/06, que le requérant, M. Ibrahim E., a présenté, en date du 09/01/2006, une requête au président du tribunal de commerce de Marrakech, dans laquelle il a exposé que la demanderesse, la société A., avait procédé à une saisie conservatoire sur ses immeubles enregistrés sous les titres fonciers n° 50400/04 et n° 66355/04, sur le fondement d’un dossier pénal relatif à un abus de confiance. Il a ajouté qu’après que la Cour suprême a rejeté la demande de cassation de la défenderesse contre l’arrêt d’appel pénal ayant annulé le jugement de première instance prononçant la condamnation du demandeur, ce dernier a présenté une requête pour la levée de la saisie, laquelle a été accueillie par une ordonnance exécutée effectivement et ayant acquis la force de la chose jugée.
Toutefois, il a été surpris par une nouvelle saisie ordonnée par la demanderesse sur son immeuble portant le titre foncier n° 66355/04, visant à garantir le paiement d’une somme de 120 000,00 dirhams, sur la base des mêmes pièces du dossier pénal, dans le cadre d’une action commerciale visant à procéder à un règlement de comptes.
Il a requis l’émission d’une ordonnance ordonnant la levée de la saisie susmentionnée et enjoignant au conservateur foncier de procéder à la radiation de celle-ci. Une ordonnance a été rendue en ce sens, confirmée par la Cour d’appel de commerce au moyen de l’arrêt attaqué.
Sur le moyen unique :
Attendu que la requérante reproche à l’arrêt de manquer de fondement et de ne pas avoir répondu aux moyens soulevés, équivalant à une inexistence, en soutenant qu’elle avait fait valoir que l’action en reddition de comptes n’avait pas fait l’objet d’un jugement définitif, faute de notification du jugement de première instance rendu à ce sujet et en l’absence de production d’un certificat de non-appel. Cependant, la cour ayant rendu l’arrêt attaqué s’est fondée sur ledit jugement de première instance sans s’assurer de son caractère définitif, ce qui rend son arrêt dépourvu de fondement et insuffisamment motivé au regard du rejet des arguments invoqués par la requérante sur ce point, justifiant ainsi sa cassation.
Mais attendu que l’émission d’une ordonnance de levée d’une saisie conservatoire n’exige pas nécessairement l’existence d’un jugement ayant acquis la force de la chose jugée concernant l’action au fond sur laquelle la saisie a été fondée. Il suffit que la juridiction, après examen des pièces du litige, constate, en apparence, l’absence d’une créance ou d’un semblant de créance justifiant le maintien de la saisie. La cour ayant rendu l’arrêt attaqué, qui a considéré que « bien que l’ordonnance autorisant la saisie conservatoire repose sur l’action en reddition de comptes, laquelle s’appuie à son tour sur une expertise comptable réalisée dans le cadre du dossier pénal ayant abouti à l’acquittement du défendeur et à l’incompétence pour les demandes civiles, et que cette saisie n’est qu’une mesure provisoire nécessitant simplement l’existence d’une créance probable, l’action actuelle en reddition de comptes a fait l’objet d’un jugement de première instance en date du 25/09/2006, qui l’a rejetée, ce qui rend la demande de saisie dénuée de fondement », a ainsi suivi le principe susmentionné. Elle s’est fondée sur l’absence de justifications permettant le maintien de la saisie conservatoire sur l’immeuble du requérant, sans ignorer les moyens soulevés devant elle, son arrêt étant ainsi fondé en droit et le moyen invoqué étant dépourvu de fondement.
Par ces motifs,
La Cour suprême rejette la requête et condamne la requérante aux dépens.
Ainsi rendu et prononcé en audience publique à la date susmentionnée, dans la salle des audiences ordinaires de la Cour suprême à Rabat. La formation de jugement était composée de Madame Batoul Nasseri, présidente, et des conseillers MM. Abdelrahman El Mesbahi, rapporteur, Zoubida Taklanti, Tahra Slim et Fatima Bensi, membres, en présence de M. Saïd Essadaoui, avocat général, et avec l’assistance de Madame Fatiha Moujib, greffière.

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