Transport par train – Indemnisation du préjudice moral lié aux retards ferroviaires (C.A.C Marrakech 2024)

Réf : 32677

Identification

Réf

32677

Juridiction

Cour d'appel de commerce

Pays/Ville

Maroc/Marrakech

N° de décision

2065

Date de décision

26/09/2024

N° de dossier

2024/8201/1757

Type de décision

Arrêt

Abstract

Thème

Civil, Transport

Base légale

Article(s) : 477 - 479 - 481 - Loi n° 15-95 formant code de commerce promulguée par le dahir n° 1-96-83 du 15 Rabii I 1417 (1 Aout 1996)

Source

Non publiée

Résumé en français

La Cour d’appel de commerce de Marrakech a été saisie d’un appel interjeté contre un jugement de première instance ayant statué sur un litige relatif au retard d’un train, opposant un voyageur à un transporteur ferroviaire. Le litige soulève la question de la responsabilité du transporteur en cas de non-respect des horaires et de l’indemnisation du préjudice subi par le voyageur.

La Cour rappelle d’emblée l’obligation de résultat pesant sur le transporteur ferroviaire en matière de respect des horaires. En vertu de l’article 479 du Code de commerce, le transporteur est tenu de respecter les heures de départ et d’arrivée prévues dans son programme. Tout manquement à cette obligation ouvre droit à une indemnisation pour le voyageur.

Dans cette affaire, le transporteur a tenté de s’exonérer de sa responsabilité en invoquant des circonstances indépendantes de sa volonté, notamment un incident qualifié de fortuit et des travaux de réparation. La Cour a rejeté ces arguments, considérant que le transporteur n’avait pas apporté de preuves suffisantes pour étayer ses allégations. Elle a ainsi écarté l’application de l’article 481 du Code de commerce relatif à l’imprévision.

De même, la Cour a écarté l’application de l’article 477 du Code de commerce, relatif à l’impossibilité de voyager, estimant que cet article ne concernait pas les cas de retard, mais uniquement les situations où le voyage est rendu impossible.

La Cour a également examiné la question de l’indemnisation du préjudice subi par le voyageur. Elle a rappelé que le voyageur devait apporter la preuve de la nature et de l’étendue du préjudice. En l’espèce, le préjudice était constitué par un retard d’environ 53 minutes. La Cour, exerçant son pouvoir d’appréciation, a fixé le montant de l’indemnisation à 3 000 dirhams, en tenant compte notamment du préjudice moral subi par le voyageur.

Enfin, la Cour a rejeté la demande d’intervention de la compagnie d’assurance, considérant que les documents produits par le transporteur n’étaient pas probants.

Texte intégral

محكمة الاستئناف
حيث لما كان الناقل السككي يحدد برنامجا يتضمن مواعيد الانطلاق و الوصول و انه ملزم باحترامها و يعتبر متخلفا عن التزامه في حالة عدم تحققها تحت طائلة فسخ عقد النقل و المطالبة بالتعويض وفقا للمادة 479 من مدونة التجارة الذي نصت بموجب الفقرة الأولى على احقية المسافر في التعويض عن الضرر اذا تأخر السفر و فضلا عن كون الطاعنة
اقتصرت على القول يكون السبب في التاخير راجع الحادث وصفته بالفجائي دون تحديده وكذا القيام بالإصلاحات دون استظهارها بمقبول على صحة مزاعمها بهذا الشأن فإن تمسكها بمقتضيات المادة 481 من م ت لا مبرر له و كذا الفصل 477 الذي ينظم حالة تعذر السفر و ليس تأخره ، كما تبين للمحكمة أن الفقرة الأولى من الباب السابع التي تنص على اعفاء المستانفة من تحمل اية مسؤولية متى كان التاخير ناجما عن ظروف خارجة عن الاستغلال السككي لا ينطبق على نازلة الحال و ان الفقرة الموالية تتعلق بنوعية معينة من القطارات لا دليل على كونها القطار الذي تم من خلاله تنفيذ عقد النقل موضوع الطلب ، و امام خلو الملف مما يفيد أن الاعلام بالتأخير تم قبل الموعد المحدد لانطلاق الرحلة بمدة زمنية معقولة من شأنها تمكين المسافر من البحث عن وسائل بديلة ، و على اعتبار أن عقد النقل هو التزام بنتيجة و أن المستانف عليه لم يثبت طبيعة و حجم الضرر الفعلي الذي لحقه جراء التاخير عن الوصول لوجهته بالموعد المحدد له بحوالي 53 دقيقة و ذلك على الساعة 8.13 بدلا من 7.28 فان المحكمة ارتات بما لها من سلطة تقديرية في هذا الصدد أن مبلغ 3000 درهم كافيا لجبر الضرر المعنوي الذي من شعور المستانف عليه و كرامته و عاطفته لما مكث بقاعة الانتظار بمحطة الانطلاق طيلة مدة التأخير، و على اعتبار أن الصفحتين 4 و 5 المدلى بصورها على أساس انها ملحق تجديد لسنة 2022 البوليصة التامين عدد 056807/18 لا ترقى إلى درجة الاعتبار طالما انها غير مذيلة بتوقيع شركة التامين خلافا لملحق تجديد بوليصة التامين 2020/01 المعتمد من محكمة الدرجة الأولى فان الاستئناف لن يأت باي جديد بخصوص مقال ادخال شركة التامين وتأسيسا على ما سبق فان الأمر يستوجب تعديل الحكم المستانف يجعل المبلغ المستحق للمستانف عليه محددا في 3000.00 درهم مع تاييده فيما عدا ذلك و يجعل الصائر على النسبة .
لهذه الأسباب
فإن محكمة الإستئناف التجارية بمراكش وهي ثبت انتهائيا علنيا و حضوريا
في الشكل: بقبول الاستئناف .
في الموضوع : بتعديل الحكم المستانف بجعل المبلغ المستحق للمستأنف عليه محددا في 3000.00 درهم ثلاثة الاف درهم و بتأييده في الباقي مع جعل الصائر على النسبة .
القرار في اليوم والشهر والسنة أعلاه بنفس الهيئة التي شاركت في المناقشة.

Document PDF

Version française de la décision

Attendu que, le transporteur ferroviaire établit un programme comprenant les heures de départ et d’arrivée, et qu’il est tenu de les respecter, et qu’il est considéré comme manquant à son obligation en cas de non-respect de celles-ci, sous peine de résolution du contrat de transport et de demande de dommages et intérêts conformément à l’article 479 du Code de commerce, qui dispose, en son premier alinéa, que le voyageur a droit à une indemnisation pour le préjudice subi en cas de retard du voyage ;

Attendu, en outre, que la requérante s’est bornée à affirmer que le retard était dû à un incident qu’elle a qualifié de fortuit, sans le préciser, ainsi qu’à la réalisation de travaux de réparation sans présenter de justificatif probant à l’appui de ses allégations à cet égard ;

Attendu, dès lors, que son invocation des dispositions de l’article 481 du Code de commerce est sans fondement, de même que celle de l’article 477 qui régit le cas d’impossibilité de voyager et non celui de son retard ;

Attendu, également, que la cour a constaté que le premier alinéa du chapitre VII, qui prévoit l’exonération de la responsabilité de l’appelante lorsque le retard est dû à des circonstances indépendantes de l’exploitation ferroviaire, ne s’applique pas au cas d’espèce, et que l’alinéa suivant concerne un type particulier de trains sans qu’il soit prouvé qu’il s’agissait du train utilisé pour l’exécution du contrat de transport objet de la demande ;

Attendu, par ailleurs, qu’il n’est rien au dossier qui indique que l’information du retard a été faite avant l’heure prévue du départ du voyage dans un délai raisonnable permettant au voyageur de rechercher des moyens alternatifs ;

Attendu que, le contrat de transport est une obligation de résultat et que l’intimé n’a pas prouvé la nature et l’étendue du préjudice effectif qu’il a subi en raison du retard de son arrivée à destination à l’heure prévue d’environ 53 minutes, soit à 8h13 au lieu de 7h28 ;

Attendu que, la cour, exerçant son pouvoir d’appréciation en la matière, a estimé que la somme de 3 000 dirhams est suffisante pour réparer le préjudice moral subi par l’intimé, notamment le sentiment d’atteinte à sa dignité et à ses émotions en raison de son attente dans la salle d’attente de la gare de départ pendant toute la durée du retard ;

Attendu que, les pages 4 et 5 produites en copies au titre d’avenant de renouvellement pour l’année 2022 de la police d’assurance n° 056807/18 ne sont pas considérées comme probantes, car elles ne portent pas la signature de la compagnie d’assurance, contrairement à l’avenant de renouvellement de la police d’assurance 2020/01 retenu par le tribunal de première instance ;

Attendu, dès lors, que l’appel n’apporte aucun élément nouveau concernant la demande d’intervention de la compagnie d’assurance ;

Attendu, en conséquence, qu’il convient de modifier le jugement entrepris en fixant à 3 000 dirhams le montant dû à l’intimé, en le confirmant pour le surplus et en mettant les dépens à la charge des parties au prorata de leurs prétentions respectives.

Par ces motifs,

La Cour d’appel de commerce de Marrakech, statuant publiquement, contradictoirement et en dernier ressort ;

En la forme : déclare l’appel recevable.

Au fond : modifie le jugement entrepris en fixant à 3 000 dirhams le montant dû à l’intimé, le confirme pour le surplus et met les dépens à la charge des parties au prorata de leurs prétentions respectives.

Ainsi fait et prononcé par la Cour d’appel de commerce de Marrakech, le jour, mois et an susdits, par la même formation ayant participé aux débats.

Quelques décisions du même thème : Civil