Portée du recours pour excès de pouvoir : le refus d’exécution d’un jugement d’annulation se résout en dommages-intérêts et non par une astreinte (Cass. adm. 1999)

Réf : 21109

Identification

Réf

21109

Juridiction

Cour de cassation

Pays/Ville

Maroc/Rabat

N° de décision

235

Date de décision

11/03/1999

N° de dossier

590/1998

Type de décision

Arrêt

Chambre

Administrative

Abstract

Base légale

Article(s) : 8 - Loi n° 41-90 instituant des tribunaux administratifs

Source

Ouvrage : Arrêts de la Chambre Administrative - 50 ans | Auteur : Cour suprême - Centre de publication et de Documentation Judiciaire | Année : 2007 | Page : 314

Résumé en français

Le pouvoir du juge administratif, saisi d’un recours en annulation, se limite strictement à annuler la décision illégale. Il ne peut se substituer à l’administration pour dicter la conduite à tenir. Il appartient en conséquence à l’administration de prendre les mesures nécessaires pour exécuter la chose jugée et tirer toutes les conséquences de droit découlant de l’annulation.

Le refus par l’administration d’exécuter un jugement d’annulation ne peut être sanctionné par une astreinte. Cette mesure de contrainte est en effet inapplicable à un jugement purement déclaratoire et dépourvu d’une injonction directe de faire.

Face au refus d’exécution, qui constitue une faute de l’administration, la voie de droit ouverte au justiciable est d’engager une action en responsabilité. Sur la base d’un procès-verbal constatant le refus, il peut ainsi saisir le tribunal administratif d’une demande de dommages-intérêts en réparation du préjudice subi, conformément aux dispositions de l’article 8 de la loi 41-90 instituant les tribunaux administratifs.

Résumé en arabe

– الأحكام والقرارات الصادرة في نطاق دعوى الإلغاء تقتصر على إلغاء المقررات الإدارية المشوبة بإحدى العيوب دون إمكان تعويض المقرر الملغى.
– الأمر متروك في هذه الحالات للإدارة التي عليها أن ترتب الآثارالقانونية الواجب ترتيبها على الإلغاء .
– امتناع الإدارة عن تنفيذ حكم أو قرار قضائي إداري قضى بإلغاء مقرر عزل موظف لا يخول هذا الأخير إمكان إجبارها على التنفيذ عن طريق الغرامة التهديدية .
– يمكن للمعني بالأمر أن يلجأإلى القضاء الإداري للإدلاء بمحضر الامتناع عن التنفيذ وطلب تعويض عن الضرر الناتج عن نشاط من نشاطات أشخاص القانون العام في إطار الفصل 8 من قانون 90/41 .

Texte intégral

قرار عدد 235 – بتاريخ 11/3/99 – ملف عدد 590/4/1/98

باسم جلالة الملك

وبعد المداولة طبقا للقانون

في الشكل:

حيث إن استئناف الجماعة القروية بتونفيت في شخص رئيسها موحى (ح) للأمر الاستعجالي الصادر عن رئيس المحكمة الإدارية بمكناس بتاريخ 3 أبريل 1998 في الملف 3/98/1 مقبول شكلا لاستيفائه سائر الشروط الشكلية.

وفي الجوهر:

حيث يؤخذ من أوراق الملف وفحوى الأمر المطعون فيه أن المستأنف عليه محمد (ع) تقدم بمقال بتاريخ 16 مارس 1998 عرض فيه أنه صدر لفائدته حكم عن المحكمة الإدارية بمكناس ملف رقم 40/94، قضى بإلغاء المقرر الإداري القاضي بعزله عن وظيفته وأن رئيس المجلس الجماعي الملغى مقررة رفض الانصياع للحكم المذكور ملتمسا الحكم على المنفذ عليه بصفته رئيس المجلس القروي بغرامة تهديدية قدرها ألف درهم عن كل يوم امتناع. وبعد تخلف الجهة المدعى عليها أصدر القاضي الاستعجالي أمره المستأنف بتحديد الغرامة التهديدية في مبلغ خمسمائة درهم في مواجهة المدعي عليه شخصيا.

حيث تمسك المستأنف بكون النزاع لا يدور بينه وبين المستفيد من الحكم وإنما بين هذا الأخير والمجلس الجماعي كشخصية معنوية فكان على القاضي أن يحكم بالغرامة على هذا الأخير باعتباره هو الممتنع عن التنفيذ وأن الأمر لا يتعلق بخطإ شخصي ارتكبه رئيس المجلس المستأنف.

وبعد المداولة طبقا للقانون

حيث إنه من الواضح أن الحكم الصادر عن المحكمة الإدارية بمكناس في الملف عدد 40/94 والذي قضى بإلغاء المقرر الإداري القاضي بعزل الطاعن محمد (ع) من وظيفته كمستخدم لدى الجماعة القروية بتونفيت والذي أشفعه الحكم المستأنف بالغرامة التهديدية التي حددها في مبلغ خمسمائة درهم يوميا قد صدر في إطار دعوى الإلغاء التي يقتصر فيها القاضي الإداري على إلغاء المقرر المعيب دون تعويضه بقرار آخر على عكس ما هو الأمر في إطار دعوى القضاء الشامل.

وحيث إنه إذا كانت الجماعة القروية التي ألغى قرارها بعزل الطاعن المذكور قد امتنعت عن تنفيذ الحكم المذكور رغم سلوك المعني بالأمر الإجراءات المسطرية لحملها على التنفيذ فإنه لا يمكن إجبارها على التنفيذ عن طريق الغرامة التهديدية ما دام القضاء الإداري قد اقتصر على إلغاء قرارها الذي اعتبره متسما بالشطط في استعمال السلطة فيبقى أمام المعني بالأمر الحق في اللجوء إلى القضاء الإداري، وبعد الإدلاء بمحضر الامتناع عن التنفيذ لطلب تعويض عن الأضرار الناتجة عن التصرف بخصوص نشاطات أشخاص القانون العام التي من شأنها الإضرار بمصالح الخواص.

لهذه الأسباب

قضى المجلس الأعلى: بإلغاء الحكم المستأنف وتصديا برفض الطلب.

و به صدر الحكم و تلي في الجلسة العلنية المنعقدة بالتاريخ المذكور أعلاه بقاعة الجلسات العادية بالمجلس الأعلى بالرباط و كانت الهيئة الحاكمة متركبة من رئيس الغرفة الإدارية السيد محمد المنتصر الداودي و المستشارين السادة: مصطفى مدرع، محمد بورمضان، السعدية بلمير وأحمد دينية و بمحضر المحامي العام عبد اللطيف بركاش و بمساعدة كاتب الضبط السيد محمد المنجرا.

Version française de la décision

Arrêt n° 235 – en date du 11/03/1999 – Dossier n° 590/4/1/98

Au nom de Sa Majesté le Roi

Et après en avoir délibéré conformément à la loi

Sur la forme :

Attendu que l’appel interjeté par la Commune Rurale de Tounfite, en la personne de son président, M. Mouha (H), à l’encontre de l’ordonnance de référé rendue par le président du Tribunal Administratif de Meknès le 3 avril 1998 dans le dossier n° 3/98/1, est recevable en la forme pour avoir satisfait à toutes les conditions de forme requises.

Au fond :

Attendu qu’il ressort des pièces du dossier et de la teneur de l’ordonnance attaquée que l’intimé, M. Mohamed (A), a introduit une requête le 16 mars 1998, exposant qu’un jugement a été rendu en sa faveur par le Tribunal Administratif de Meknès dans le dossier n° 40/94, portant annulation de la décision administrative prononçant sa révocation de ses fonctions, et que le président du conseil communal, dont la décision a été annulée, a refusé de se conformer audit jugement ; sollicitant en conséquence la condamnation de la partie exécutée, en sa qualité de président du conseil rural, à une astreinte de mille dirhams par jour de retard. Suite à la défaillance de la partie défenderesse, le juge des référés a rendu son ordonnance, objet du présent appel, fixant l’astreinte à un montant de cinq cents dirhams à l’encontre du défendeur à titre personnel.

Attendu que l’appelant a soutenu que le litige ne l’oppose pas personnellement au bénéficiaire du jugement, mais oppose ce dernier au conseil communal en tant que personne morale, et qu’il incombait par conséquent au juge de prononcer l’astreinte à l’encontre de ce dernier, en sa qualité de partie récalcitrante à l’exécution, et que l’affaire ne saurait relever d’une faute personnelle commise par le président du conseil, appelant.

Et après en avoir délibéré conformément à la loi

Attendu qu’il est manifeste que le jugement rendu par le Tribunal Administratif de Meknès dans le dossier n° 40/94, qui a annulé la décision administrative révoquant le requérant, M. Mohamed (A), de ses fonctions d’agent auprès de la Commune Rurale de Tounfite, et que l’ordonnance entreprise a assorti d’une astreinte fixée à cinq cents dirhams par jour, a été rendu dans le cadre d’un recours pour excès de pouvoir, dans lequel le juge administratif se limite à annuler la décision entachée d’illégalité sans la remplacer par une autre décision, contrairement à ce qui prévaut dans le cadre du contentieux de pleine juridiction.

Attendu que, si la Commune Rurale, dont la décision de révocation du requérant a été annulée, s’est abstenue d’exécuter ledit jugement malgré l’accomplissement par l’intéressé des procédures requises pour la contraindre à l’exécution, elle ne peut y être forcée par le biais d’une astreinte, dès lors que la juridiction administrative s’est bornée à annuler sa décision qu’elle a estimée entachée d’excès de pouvoir. Il reste donc loisible à l’intéressé de saisir la juridiction administrative, après production d’un procès-verbal de refus d’exécution, pour demander réparation des préjudices résultant des agissements des personnes de droit public susceptibles de porter atteinte aux intérêts des particuliers.

Par ces motifs

La Cour Suprême : Annule l’ordonnance entreprise et, statuant à nouveau, rejette la demande.

Ainsi jugé et prononcé en audience publique à la date susmentionnée, en la salle des audiences ordinaires de la Cour Suprême à Rabat, par la formation de jugement composée de M. le Président de la Chambre administrative, Mohamed El Montassir Daoudi, et de MM. les Conseillers : Mostafa Madraa, Mohamed Bourmadane, Saadia Belmir et Ahmed Dinia, en présence de M. l’Avocat général, Abdellatif Bergach, et avec l’assistance de M. le Greffier, Mohamed El Menjra.

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