Responsabilité pénale et civile : Appréciation du préjudice et substitution de l’établissement bancaire (Cass. crim. 2021)

Réf : 33443

Identification

Réf

33443

Juridiction

Cour de cassation

Pays/Ville

Maroc/Rabat

N° de décision

260/8

Date de décision

09/02/2021

N° de dossier

2020/8/6/9729

Type de décision

Arrêt

Chambre

Pénale

Abstract

Base légale

Article(s) : 362 - 365 - Loi n° 22-01 relative à la Procédure Pénale
Article(s) : 98 - 108 - Dahir n° 1-59-413 du 28 Joumada II 1382 (26 Novembre 1962) portant approbation du texte du Code Pénal

Source

Cabinet Bassamat & Laraqui

Résumé en français

La Cour de Cassation a été saisie d’un pourvoi contestant un arrêt de la cour d’appel relatif à des infractions de manipulation d’enchères et a examiné les griefs en se référant notamment aux articles 362 et 365 du Code de procédure pénale, ainsi qu’aux articles 98 et 108 du Code pénal.

Concernant les allégations de violation des formalités substantielles, la Cour de Cassation a écarté les arguments relatifs à l’omission des antécédents judiciaires des accusés, à l’absence de mention d’un responsable civil, et à la prétendue irrégularité de la renonciation de la défense. Elle a souligné que ces éléments n’affectaient ni le fondement juridique de l’arrêt, ni la validité des condamnations prononcées. De même, la Cour a rappelé que l’organisation des débats et l’ajournement des affaires relevaient du pouvoir discrétionnaire des juges du fond, et que ces décisions n’étaient pas nécessairement soumises à une obligation de motivation détaillée.

Quant aux griefs relatifs à l’insuffisance de motivation et à la violation des articles 98 et 108 du Code pénal, la Cour de Cassation a confirmé le pouvoir souverain des juges du fond en matière d’évaluation du préjudice. Elle a également validé la décision de la Cour d’appel d’annuler la substitution de l’établissement bancaire aux condamnés, considérant que cette annulation était justifiée par les circonstances de l’espèce.

Texte intégral

وبعد المداولة طبقا للقانون.

في الشكل :

نظرا للمذكرة المشتركة مع الغير المدلى بها من لدن الطالب بإمضاء النقيب الأستاذ اقويدر قنطري المحامي بهيئة وجدة المقبول للترافع أمام محكمة النقض المتضمنة لأسباب الطعن بالنقض.
وحيث جاء الطلب علاوة على ذلك موافقا لما يقتضيه القانون فهو مقبول شكلا.

في الموضوع :
في شأن الفرع الأول من وسيلة النقض الأولى المتخذة من خرق الإجراءات الجوهرية للمسطرة، خرق المادة 365 من قانون المسطرة الجنائية، ذلك أن القرار المطعون فيه أغفل في ديباجته بيان السوابق القضائية للمطلوبين في النقض وأنه لم يرتب عليها بالنسبة للمطلوب في النقض السابع أية نتيجة، كما أنه لم يذكر البنك الشعبي بوجدة كمسؤول مدني ضمن أطراف الدعوى واعتبر الأستاذ طبيح هو دفاعه الوحيد وأن تنازل دفاع المتهمين عن مؤازرة المتهم السادس تم دون احترام مسطرة التنازل مما يعرضه للنقض.

لكن حيث إن عدم الإشارة إلى بيان السوابق القضائية للمتهمين ضمن ديباجة القرار لا تأثير له على مبناه القانوني ولا على المطالب المدنية المحكوم بها وأن عدم الإشارة إلى المؤسسة البنكية كمسؤولة مدنية لا يترتب عنه البطلان، علما بأن مسألة المؤازرة والتنازل عنها تتعلق بالعلاقة بين طرفيها المحامي وموكله ويبقى عدم إشعار الطاعنين بالتنازل عنها مسألة تنظيمية تخرج عن اختصاص المحكمة وما أثير على غير أساس.

في شأن الفرعين الثاني والثالث من وسيلة النقض الأولى والوجه الأول من وسيلة النقض الثانية المتخذين في مجموعهم من خرق الإجراءات الجوهرية للمسطرة، خرق المادة 362 من قانون المسطرة الجنائية ومبدأ المحاكمة العادلة وعلنية الجلسات وانعدام التعليل وانعدام الأساس الواقعي والقانوني، ذلك أن المحكمة مصدرة القرار المطعون فيه بعد مناقشتها للقضية والاستماع إلى كافة الأطراف أرجأت المرافعة إلى فترة ما بعد الزوال وعند استئناف المناقشات تم تأجيل النظر في القضية إلى جلسة أخرى بمبرر غير مقبول مما يعرض قرارها للنقض.

لكن حيث لما كان أمر تجهيز القضية للبت فيها أو تأجيلها يرجع للسلطة التقديرية لمحكمة الموضوع فإنها عندما أجلتها لجلسة لاحقة استجابة لطلب مؤازر المتهمين لم تخرق قواعد المحاكمة العادلة ولا علنية الجلسات في شيء ولم تكن في حاجة إلى تعليل قرارها في هذا الشأن وما أثير على غير أساس.

في شأن الوجهين الثاني والثالث من وسيلة النقض الثانية والفرعين الأول والثاني من وسيلة النقض الثالثة المتخذين في مجموعهم من انعدام التعليل وانعدام الأساس الواقعي والقانوني وخرق القانون، خرق الفصلين 98 و 108 من القانون الجنائي.

ذلك أن المحكمة مصدرة القرار المطعون فيه خفضت من جهة أولى التعويض المحكوم به دون أن تبرز العناصر التي اعتمدتها ومن غير مناقشتها للخبرة المدلى بها في الملف ومن جهة ثانية ألغت الحكم الابتدائي فيما قضى به من إحلال للمؤسسة البنكية محل المدانين في الأداء رغم أن أساس ذلك هو القاعدة الفقهية « الغرم بالغنم مما يعرض قرارها للنقض.

لكن حيث من جهة أولى لما كان تقدير التعويض يرجع لمحكمة الموضوع، فإنها عندما قدرت مضمون الوثائق المدلى بها وما حصل للطرف المدني من أضرار ناتجة مباشرة عن الفعل الجرمي وأيدت الحكم الابتدائي في مبدأ الأداء وعدلته بخفضه إلى الحد الذي ارتأته مناسبا لجبر الضرر تكون قد أعملت سلطتها المخولة لها قانونا، ومن جهة ثانية لما ألغته فيما قضى به من إحلال المؤسسة البنكية محل المحكوم عليهم في الأداء لعدم وجودهم أثناء ارتكاب الجريمة في حالة تبعية لها جاء قرارها بذلك من غير خرق للفصول المحتج بخرقها مؤسسا ومعللا تعليلا كافيا وما أثير على غير أساس.

من أجله

قضت برفض الطلب.
وبرد مبلغ الضمانة بعد استخلاص المصاريف طبقا للقانون.

Document PDF

Version française de la décision

Après délibéré conformément à la loi ;

En la forme :

Considérant le mémoire conjoint avec un tiers, déposé par le demandeur, signé par Maître Akouider Qantari, avocat inscrit au barreau d’Oujda et habilité à plaider devant la Cour de Cassation, et exposant les moyens de cassation ;

Considérant que le pourvoi est conforme aux exigences légales, il est recevable en la forme ;

Au fond :

Sur le premier moyen du premier grief de cassation, tiré de la violation des formalités substantielles de la procédure, article 365 du Code de procédure pénale, en ce que l’arrêt attaqué a omis de mentionner dans son dispositif les antécédents judiciaires des demandeurs en cassation, et n’en a tiré aucune conséquence à l’égard du septième demandeur en cassation. De même, il n’a pas mentionné la Banque P d’Oujda en tant que responsable civile parmi les parties à l’instance, a considéré Maître Tabih comme seul avocat de la défense, et a admis la renonciation de la défense des accusés à assister le sixième accusé sans respecter la procédure de renonciation, ce qui entraîne la nullité de l’arrêt ;

Mais attendu que l’omission de mentionner les antécédents judiciaires des accusés dans le dispositif de l’arrêt n’a aucune incidence sur son fondement juridique ni sur les condamnations civiles prononcées, que l’absence de mention de l’établissement bancaire en tant que responsable civile n’entraîne pas la nullité, que la question de l’assistance judiciaire et de sa renonciation relève de la relation entre l’avocat et son client, et que le défaut de notification de cette renonciation aux demandeurs constitue une irrégularité de forme échappant au contrôle de la Cour. Le moyen est donc mal fondé ;

Sur les deuxième et troisième moyens du premier grief et le premier moyen du deuxième grief de cassation, pris ensemble pour violation des formalités substantielles de la procédure, article 362 du Code de procédure pénale, du principe du procès équitable, de la publicité des audiences, du défaut de motivation et de l’absence de base factuelle et juridique. Le demandeur soutient que la Cour, après avoir examiné l’affaire et entendu les parties, a reporté les plaidoiries à l’après-midi, puis a ajourné l’examen de l’affaire à une autre audience pour un motif irrecevable, ce qui entraîne la nullité de son arrêt ;

Mais attendu que l’organisation des débats et l’ajournement d’une affaire relèvent du pouvoir discrétionnaire de la Cour d’appel, laquelle, en reportant l’affaire à une audience ultérieure à la demande de l’avocat de la défense, n’a violé ni les règles du procès équitable ni celles de la publicité des audiences, et n’était pas tenue de motiver sa décision à cet égard. Le moyen est donc mal fondé ;

Sur les deuxième et troisième moyens du deuxième grief et les premier et deuxième moyens du troisième grief de cassation, pris ensemble pour défaut de motivation, absence de base factuelle et juridique, et violation des articles 98 et 108 du Code pénal. Le demandeur reproche à l’arrêt attaqué d’avoir, d’une part, réduit le montant de l’indemnité allouée sans justifier les éléments retenus ni examiner l’expertise produite au dossier, et d’autre part, annulé la substitution de l’établissement bancaire aux condamnés pour le paiement, malgré le principe juridique « الغرم بالغنم » (la charge suit le profit), ce qui entraîne la nullité de l’arrêt ;

Mais attendu que, d’une part, l’évaluation du préjudice relève de l’appréciation souveraine de la Cour d’appel, laquelle, en appréciant le contenu des pièces produites au dossier et le préjudice direct subi par la partie civile du fait de l’infraction, a légalement usé de son pouvoir en confirmant le principe de l’indemnisation tout en réduisant son montant à hauteur du préjudice réparable, et que, d’autre part, en annulant la substitution de l’établissement bancaire aux condamnés au motif qu’ils n’agissaient pas pour son compte au moment des faits, la Cour a fondé sa décision sur une motivation suffisante, sans violation des textes invoqués. Le moyen est donc mal fondé ;

Par ces motifs :

Rejette le pourvoi ;

Ordonne la restitution du cautionnement après déduction des frais, conformément à la loi.

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