Récusation d’arbitre : compétence exclusive du Président de la juridiction sous peine d’irrecevabilité (Trib. com. Casablanca 2020)

Réf : 36859

Identification

Réf

36859

Juridiction

Tribunal de commerce

Pays/Ville

Maroc/Casablanca

N° de décision

6652

Date de décision

01/12/2020

N° de dossier

2020/8202/8446

Type de décision

Jugement

Abstract

Base légale

Article(s) : 323 - Dahir portant loi n° 1-74-447 du 11 ramadan 1394 (28 septembre 1974) approuvant le texte du code de procédure civile
Article(s) : - Loi n° 08-05 du 30 novembre 2007 modifiant et complétant le CPC en matière d’arbitrage et de médiation conventionnelle (Abrogé et remplacé par la loi n° 95-17)

Source

Non publiée

Résumé en français

En application des dispositions impératives de l’article 323 du Code de procédure civile, la demande en récusation d’un arbitre relève de la compétence d’attribution exclusive du président de la juridiction compétente. La saisine de la formation de jugement au fond, en violation de cette règle, constitue un vice de procédure sanctionné par l’irrecevabilité de la demande.

Texte intégral

المحكمة التجارية بالدار البيضاء

حكم رقم 6652 بتاريخ 2020/12/01 ملف رقم 2020/8202/8446

باسم جلالة الملك وطبقا للقانون

الوقائع:

بناءا على المقال الافتتاحي الذي تقدمت به المدعية بواسطة نائبها إلى كتابة ضبط هذه المحكمة بتاريخ 2020/11/3 والمؤدى عنه الرسوم القضائية والذي يعرض فيه الطرف المدعي بأنه أبرمة مع شركة (س.) و شركات أخرى عقد من أجل تجهيز أرض ، و أن الشركات بعد أن أتموا عملية البناء والتجهيزات الأخرى بمواصفات كلفتهم 70.000.000,00 درهم و أن الشركة المكرية أزمت الشركات بتأسيس شركة قابضة مهمتها جمع واجبات الكراء وتسليمها للمكرية ، و أمام عدم أداء واجبات الكراء بعض الشركات من بينها شركة (م.) ، كما أن المكرية فاتها أجل التصريح بالدين تجاه شركة (م.)، و أنها لتدارك خطئها تقدمت بدعوى الأداء و الإفراغ إلى المحكمة المغربية للتحكيم ، و أنه بعدما طلبت المحكمة المغربية للتحكيم من المكرية إصلاح المسطرة لجأت هذه الأخيرة إلى المحكمة من أجل المطالبة بتعيين محكم و صدر عنها أمر بتعيين محكمين و تم استئناف الأمر من طرف العارضة و جميع الشركات ، و بعد إحالة الملف على الهيئة التحكيمية دفعت العرضة بعدم اختصاصها ، و قد صدر مقرر تحكيمي صرح باختصاصها ، وقد سبق للمكرية أن تقدمت بملتمس أداء جميع واجبات الكراء، و أن طلب المكرية انصب على العارضة وحدها ، و أن الهيئة التحكيمية تنكر أن المكرية تقدمت بأداء العارضة لواجبات الكراء تضامنا عن جميع الشركات و تحرف الطلب ما يخل بمصداقيتها ، و أن طلب المكرية كله مبني على طلب التضامن ، و من جهة أخرى فإن المحكمة المغربية للتحكيم سبق أن أصدرت مقررا طالبت فيه شركة (س.) بإصلاح المسطرة لا زال معروضا عليها، ملتمسا بأنها تجرح في الهيئة التحكيمية المكونة من السادة الأستاذ (ص. ف.) ، الأستاذ (ع. أ.) و الأستاذ (س. ر.) المعينة بمقتضى الأمر الاستعجالي عدد 2355 مع ما يترتب معه من آثار قانونية و باستبدال المحكمين بالهيئة المغربية للتحكيم.

و أرفق المقال بنسخة من الأمر و من مقرر التحكيم و نسخة من المقال الافتتاحي. و بناء على طلب الأستاذ (ع. ح. ل.) إحالة الملف المدلى به من طرف نائب المدعى عليهم بتاريخ 2020/11/17. و بناء على طلب إحالة الملف على القضاءء الاستعجالي المدلى به من طرف الأستاذ (ع. ع.) عن المدعية بجلسة 2020/11/23. وبناء على إدراج الملف بعدة جلسات آخرها جلسة 2020/11/24. حضر خلالها نائبا الطرفين و أكد نائب المدعية ما سبق، و بناء عليه تقرر حجزه للمداولة قصد النطق بالحكم في جلسة 2020/12/01.

التعليل

بعد الإطلاع على وثائق الملف وبعد المداولة طبقا للقانون

في الشكل: حيث يهدف الطلب إلى الحكم وفق ما هو مسطر أعلاه. و حيث التمس نواب الأطراف إحالة الملف على السيد رئيس المحكمة للاختصاص . و حيث تنص مقتضيات الفصل 323 من قانون المسطرة المدنية على أنه يقدم طلب التجريح كتابة إلى رئيس المحكمة المختصة … فإذا لم ينسحب المحكم فصل رئيس المحكمة في الطلب داخل أجل عشرة أيام … و حيث إن الطلب جاء مختلا شكلا لتقديمه أمام محكمة الموضوع، ويتعين معه التصريح بعدم قبوله شكلا، و إبقاء الصائر على رافعه.

وتطبيقا للفصول 1-2-3-32-50-124 من ق م م

لهذه الأسباب

حكمت المحكمة علنيا ابتدائيا و حضوريا

في الشكل : بعدم قبول الطلب وإبقاء الصائر على رافعه.

وبهذا صدر الحكم في اليوم والشهر والسنة أعلاه.

Version française de la décision

Tribunal de Commerce de Casablanca Jugement n° 6652 en date du 01/12/2020, Dossier n° 2020/8202/8446

Au nom de Sa Majesté le Roi et conformément à la loi

Les Faits :

Vu la requête introductive d’instance déposée par la demanderesse par l’intermédiaire de son avocat au greffe de ce tribunal en date du 03/11/2020, pour laquelle les taxes judiciaires ont été acquittés, dans laquelle la partie demanderesse expose avoir conclu avec la société (S.) et d’autres sociétés un contrat pour l’aménagement d’un terrain, et qu’après avoir achevé les travaux de construction et autres équipements selon des spécifications dont le coût s’est élevé à 70.000.000,00 dirhams, la société bailleresse a contraint les sociétés à constituer une société holding dont la mission est de collecter les loyers et de les lui remettre. Face au non-paiement des loyers par certaines sociétés, dont la société (M.), et considérant que la bailleresse avait dépassé le délai pour déclarer sa créance à l’encontre de la société (M.), celle-ci, pour remédier à son erreur, a engagé une action en paiement et en expulsion devant la Cour marocaine d’arbitrage. Après que ladite institution a demandé à la bailleresse de régulariser la procédure, cette dernière a saisi le tribunal pour demander la désignation d’un arbitre, ce qui a abouti à une ordonnance de désignation d’arbitres. Cette ordonnance a été frappée d’appel par l’exposante et toutes les sociétés. Après renvoi du dossier devant le tribunal arbitral, l’exposante a soulevé l’exception d’incompétence, et une décision arbitrale a été rendue affirmant sa compétence. La bailleresse avait précédemment déposé une requête en paiement de l’intégralité des loyers, et sa demande ne visait que l’exposante seule. Or, le tribunal arbitral nie que la bailleresse ait demandé le paiement par l’exposante des loyers à titre solidaire pour l’ensemble des sociétés et dénature la demande, ce qui porte atteinte à sa crédibilité. La demande de la bailleresse est entièrement fondée sur une demande de solidarité. D’autre part, la Cour marocaine d’arbitrage avait déjà rendu une décision demandant à la société (S.) de régulariser la procédure, laquelle est toujours pendante. En conséquence, l’exposante demande la récusation du tribunal arbitral composé de Monsieur (S. F.), Maître (O. A.) et Maître (S. R.), désignés par l’ordonnance de référé n° 2355, avec toutes les conséquences juridiques que cela implique, et le remplacement des arbitres par la Cour marocaine d’arbitrage.

La requête était accompagnée d’une copie de l’ordonnance, de la décision arbitrale et d’une copie de la requête introductive d’instance. Vu la demande de Maître (A. H. L.) de verser au dossier les pièces produites par le conseil des défendeurs en date du 17/11/2020. Vu la demande de renvoi du dossier en référé déposée par Maître (A. A.) pour la demanderesse à l’audience du 23/11/2023. Vu l’inscription du dossier à plusieurs audiences, dont la dernière en date du 24/11/2020. Au cours de celle-ci, les avocats des deux parties ont comparu et le conseil de la demanderesse a confirmé ses précédentes conclusions. En conséquence, il a été décidé de mettre l’affaire en délibéré pour un prononcé du jugement à l’audience du 01/12/2020.

Motivation :

Après examen des pièces du dossier et après en avoir délibéré conformément à la loi.

En la forme : Attendu que la demande vise à obtenir une décision conforme à ce qui a été exposé ci-dessus. Attendu que les avocats des parties ont sollicité le renvoi du dossier à Monsieur le Président du tribunal pour compétence. Attendu que les dispositions de l’article 323 du Code de procédure civile stipulent que la demande de récusation est présentée par écrit au président de la juridiction compétente… Si l’arbitre ne se retire pas, le président de la juridiction statue sur la demande dans un délai de dix jours… Attendu que la demande est viciée dans sa forme pour avoir été présentée devant la juridiction du fond, il convient par conséquent de la déclarer irrecevable en la forme, et de laisser les dépens à la charge de la demanderesse.

Et en application des articles 1-2-3-32-50-124 du Code de procédure civile.

Par ces motifs :

Le tribunal, statuant publiquement, en premier ressort et par jugement contradictoire,

En la forme : Déclare la demande irrecevable et met les dépens à la charge de la demanderesse.

Ainsi jugé et prononcé le jour, mois et an susdits.

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