Notification de la sentence arbitrale et délai du recours en annulation : Inapplicabilité des règles de signification par voie de greffe aux actes délivrés par huissier (CA. com. Casablanca 2025)

Réf : 36650

Identification

Réf

36650

Juridiction

Cour d'appel de commerce

Pays/Ville

Maroc/Casablanca

N° de décision

1407

Date de décision

20/03/2025

N° de dossier

2025/8230/246

Type de décision

Arrêt

Abstract

Base légale

Article(s) : 39 - 516 - 522 - Dahir portant loi n° 1-74-447 du 11 ramadan 1394 (28 septembre 1974) approuvant le texte du code de procédure civile (CPC)
Article(s) : 49 - Loi 95-17 relative à l’arbitrage et la médiation conventionnelle (Dahir n° 1-22-34 du 24 mai 2022)

Source

Non publiée

Résumé en français

Est valide la notification d’une sentence arbitrale effectuée à l’adresse de domiciliation d’une société, telle qu’inscrite au registre de commerce, même si réceptionnée par un employé de la société domiciliataire. Par conséquent, le recours en annulation formé après l’expiration du délai légal de 15 jours à compter de cette notification est irrecevable.

Saisie d’un recours en annulation d’une sentence arbitrale, la Cour d’appel de commerce a examiné la validité de la notification contestée par la société appelante. Celle-ci arguait que la notification n’avait pas été faite à son représentant légal personnellement, ni à son siège social effectif, mais à son adresse de domiciliation, en violation des articles 39 et 522 du Code de procédure civile (CPC).

La Cour a rejeté ces arguments. Elle a précisé que l’article 39 du CPC n’était pas applicable à la notification des sentences arbitrales et que l’article 522 n’imposait pas une remise en mains propres au représentant légal. Elle a affirmé que la notification au siège social élu (adresse de domiciliation inscrite au registre de commerce) est régulière et produit ses effets, s’appuyant sur la jurisprudence de la Cour de cassation (Arrêt n° 1/315 du 19/05/2022, Dossier n° 2021/1/3/481). La réception par un employé de la société domiciliataire à cette adresse choisie par l’appelante elle-même n’entache pas la validité de l’acte.

Constatant que la notification était intervenue le 22/10/2024 et que le recours n’avait été formé que le 13/01/2025, soit hors du délai de 15 jours, la Cour a déclaré le recours irrecevable et a mis les dépens à la charge de l’appelante.

Texte intégral

محكمة الاستئناف التجارية، قرار رقم : 1407 بتاريخ : 2025/03/20، ملف رقم : 2025/8230/246

بناء على مقال الاستئناف والحكم المستأنف ومستنتجات الطرفين ومجموع الوثائق المدرجة بالملف. واستدعاء الطرفين لجلسة .

وتطبيقا لمقتضيات المادة 19 من قانون المحاكم التجارية والفصول 328 وما يليه و 429 من قانون المسطرة المدنية. وبعد المداولة طبقا للقانون.

حيث تقدمت شركة (م.) بواسطة نائبها بمقال رام إلى الطعن ببطلان حكم تحكيمي مؤدى عنه بتاريخ تطعن بمقتضاه ضد الحكم التحكيمي الصادر من قبل هيئة التحكيم المكونة من المحكم الوحيد الأستاذة فاطمة (ب.) الصادر بتاريخ كما أنها تطعن في كل الأوامر والقرارات والإجراءات الصادرة عن الهيئة التحكيمية.

وحيث أدرج الملف بجلسة ، أدلى خلالها دفاع الطالبة بمذكرة تعقيبية، تسلم نسخة منها دفاع المطلوبة، وقررت المحكمة اعتبار القضية جاهزة، وحجزتها للمداولة قصد النطق بالقرار بجلسة مددت لجلسة .

محكمة الاستئناف

حيث دفعت المطلوبة بأن الطعن المقدم بتاريخ قد جاء خارج الأجل القانوني المحدد في 15 يوما من تاريخ التبليغ، على اعتبار أن الطاعنة بلغت بالحكم التحكيمي في مقرها الاجتماعي بتاريخ .

وحيث نازعت الطاعنة في إجراءات التبليغ، بدعوى أن التبليغ جاء مخالفا لمقتضيات الفصول 39 و 516 و 522 من ق.م.م، إذ أنه تم المستخدمة بشركة (C.) وليس لممثلها القانوني، كما أنه لم يتم بمقرها الاجتماعي وهو مقر تواجد المنجم الذي تستغله الشركة والمتواجد بمدينة ورزازات، لأنه هو المكان الذي توجد فيه هيئاتها ويتم فيه تسييرها ، كما أن المحضر المنجز من طرف المفوض القضائي، فضلا عن أنه لا يمكن أن يحل محل شهادة التسليم المنصوص عليها في الفصل 39 من ق.م.م. ولا يتضمن البيانات الكافية لمن وقع له التبليغ إذ اكتفى بالإشارة إلى الاسم الشخصي للمستخدمة، فإنه تضمن عنوانا مخالفا للعنوان الوارد بعقد الكراء وبسجلها التجاري.

وحيث ومن جهة أولى يبقى تمسك الطاعنة بإجراءات التبليغ المنصوص عليها في الفصل 39 من ق.م.م مردود، لأن المسطرة المذكورة لها محل في التبليغات التي تباشر عن طريق كتابة الضبط، بخلاف الأمر في الدعوى الماثلة التي تتعلق بالطعن بالبطلان في حكم تحكيمي. كما أن المشرع وفي الفصل 522 من ذات القانون نص على أن الاستدعاءات توجه في شخص الممثل القانوني للشركة ولم يشترط أن تسلم له بصفة شخصية ، فضلا عن أن التبليغ تم للطاعنة بالعنوان الذي تتواجد به عن طريق المساكنة وذلك في إطار عقد التوطين كما هو ثابت من نسخة النموذج 7 من سجلها التجاري، وأن الذي توصلت بالتبليغ هي المسماة ليلى المستخدمة بشركة (C.) التي تتخذ عندها الطاعنة محلا للمساكنة، علما أن العنوان الذي تم به التبليغ هو نفس العنوان الوارد في عقد الكراء وفي سجلها التجاري.

وحيث ما دام التبليغ تم في محل المساكنة بواسطة مستخدمة هذه الأخيرة وبنفس العنوان، فإنه يعتبر صحيحا ومنتجا لأثره القانوني ما دام قد تم بمقرها الاجتماعي المختار كمحل للمساكنة، وفق ما أكدته محكمة النقض في قرارها عدد الصادر بتاريخ في الملف عدد وبنفس العنوان، فإنه جاء صحيحا، وبما أن الطاعنة بلغت بالحكم التحكيمي بتاريخ ولم تتقدم بطعنها إلا بتاريخ . فإنه جاء خارج الأجل القانوني المحدد في 15 يوما، مما يتعين معه التصريح بعدم قبوله مع إبقاء الصائر على رافعه.

لهذه الأسباب:

فإن محكمة الاستئناف التجارية بالدار البيضاء تقضي وهي تبت انتهائيا، علنيا وحضوريا:

في الشكل: عدم قبول الطلب مع إبقاء الصائر على رافعه.

وبهذا صدر القرار في اليوم والشهر والسنة أعلاه بنفس الهيئة التي شاركت في المناقشة

Version française de la décision

Vu la requête d’appel, le jugement entrepris, les conclusions des parties et l’ensemble des pièces versées au dossier. Et vu la convocation des parties à l’audience du 27/02/2025.

Et en application des dispositions de l’article 19 de la loi instituant les juridictions de commerce et des articles 328 et suivants et 429 du Code de procédure civile. Après en avoir délibéré conformément à la loi.

Attendu que la société (M.), par l’intermédiaire de son conseil, a présenté une requête visant à former un recours en annulation, déposée le 10/01/2025, par lequel elle conteste la sentence arbitrale rendue par le tribunal arbitral constitué de l’arbitre unique, Maître Fatima (B.), en date du 16/10/2024 ; elle conteste également l’ensemble des ordonnances, décisions et actes émanant dudit tribunal arbitral.

Attendu que l’affaire a été appelée à l’audience du 27/02/2025, au cours de laquelle le conseil de l’appelante a déposé des conclusions récapitulatives, dont copie a été remise au conseil de l’intimée ; la Cour a considéré l’affaire en état et l’a mise en délibéré pour prononcé de l’arrêt à l’audience du 13/03/2025, prorogée à celle du 20/03/2025.

Cour d’appel

Attendu que l’intimée a soulevé que le recours, introduit le 10/01/2025, avait été formé hors du délai légal de 15 jours à compter de la date de notification, au motif que la sentence arbitrale avait été notifiée à l’appelante à son siège social le 22/10/2024.

Attendu que l’appelante a contesté la régularité de la notification, au motif que celle-ci aurait été effectuée en violation des dispositions des articles 39, 516 et 522 du Code de procédure civile, dès lors qu’elle a été faite à une employée de la société (C.) et non à son représentant légal ; qu’elle n’a pas été effectuée à son siège social, qui est le lieu de la mine exploitée par la société et situé dans la ville de Ouarzazate, car c’est le lieu où se trouvent ses organes et où elle est gérée ; que le procès-verbal dressé par l’huissier de justice, outre qu’il ne peut se substituer au certificat de remise prévu par l’article 39 du Code de procédure civile et qu’il ne contient pas les mentions suffisantes relatives à la personne destinataire de la notification, se contentant d’indiquer le prénom de l’employée, comporterait une adresse différente de celle figurant au contrat de bail et à son registre de commerce.

Attendu que, d’une part, l’argument de l’appelante tiré des procédures de notification prévues à l’article 39 du Code de procédure civile est rejeté, car ladite procédure s’applique aux notifications effectuées par l’intermédiaire du greffe, ce qui n’est pas le cas en l’espèce, qui concerne un recours en annulation d’une sentence arbitrale ; que, d’autre part, le législateur, à l’article 522 dudit code, a énoncé que les convocations sont adressées en la personne du représentant légal de la société sans exiger qu’elles lui soient remises personnellement ; qu’en outre, la notification a été effectuée à l’appelante à l’adresse où elle se trouve par voie de domiciliation, dans le cadre d’un contrat de domiciliation, ainsi qu’il ressort de la copie du modèle 7 de son registre de commerce ; que la personne ayant reçu la notification est la nommée Leila, employée de la société (C.) auprès de laquelle l’appelante a élu domicile pour sa domiciliation ; qu’il est constant que l’adresse où la notification a été effectuée est la même que celle figurant au contrat de bail et à son registre de commerce.

Attendu que, dès lors que la notification a été effectuée au lieu de domiciliation par l’intermédiaire d’une employée de cette dernière et à la même adresse, elle est considérée comme régulière et produisant ses effets juridiques, puisqu’elle a été faite à son siège social élu en tant que lieu de domiciliation, conformément à ce qu’a confirmé la Cour de cassation dans son arrêt n° 1/315 rendu le 19/05/2022 dans le dossier n° 2021/1/3/481 ; que, [la notification] ayant été effectuée à la même adresse, elle est donc régulière ; que, l’appelante ayant été notifiée de la sentence arbitrale le 22/10/2024 et n’ayant introduit son recours que le 13/01/2025, celui-ci a été formé hors du délai légal de 15 jours, ce qui impose de déclarer son irrecevabilité, les dépens restant à la charge de l’appelante.

PAR CES MOTIFS :

La Cour d’appel de Commerce de Casablanca, statuant en dernier ressort, publiquement et contradictoirement :

En la forme : Déclare le recours irrecevable et met les dépens à la charge de l’appelante.

Ainsi le présent arrêt a été rendu le jour, mois et an susdits par la même Cour qui a participé aux débats.

Quelques décisions du même thème : Arbitrage